Un seul propos discriminatoire entendu encourage le racisme chez les enfants, spécialement entre 7 et 9 ans

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Unsplash / @larm

C’est bien connu, les enfants sont des éponges. D’après une étude américaine récente, un seul propos discriminatoire suffirait à transformer durablement leur perception et leur comportement envers une autre culture, principalement lorsqu’ils sont entendus à un âge critique.

On dit souvent aux enfants de tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant de parler. Et si cet adage s’appliquait davantage aux parents ? Comme le révèle une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Vanderbilt (Tennessee), nos mots et expressions ont un impact durable sur la façon de raisonner de nos progénitures. En particulier nos commentaires pétris d’intolérance. Il suffit d’un seul propos discriminatoire (formulé par un parent ou un inconnu, d’ailleurs) pour formater un enfant et lui faire changer sa perception et son attitude envers un groupe de personnes. L’étude estime que ce changement de comportement se traduit notamment par des difficultés à nouer des liens d’amitié avec les personnes visées par ces commentaires négatifs.

Bon, bien sûr, il peut arriver que des propos fâcheux nous échappent sans qu’on les pense, ça ne fait pas de nous des monstres (les parents parfaits, ça n’existe pas). L’idée n’est pas de nous auto-censurer mais de réfléchir à la portée de nos mots et à ceux de l’entourage proche de nos enfants. Les chercheurs invitent aussi les parents à surveiller les programmes télé regardés en famille, car si ces derniers parviennent naturellement à prendre de la distance, les plus jeunes restent très influençables.

Les 7-9 ans, les plus malléables

Pour cette étude, les chercheurs ont analysé le comportement de 121 enfants d’origines ethniques différentes. Ces derniers ont été séparés en deux groupes et ont assisté à une conversation Skype entre un chercheur et une personne inconnue. Au cours de la conversation, deux groupes de personnes inventés pour les besoins de l’expérience, les « Flurps » et les « Gearoos », ont été mentionnés. Brièvement pendant l’appel, l’inconnu a glissé des propos stigmatisants envers le premier groupe fictif (auprès d’un seul groupe d’enfants) : « Les Flurps sont de mauvaises personnes, affirme-t-il. Ils mangent des aliments dégoûtants et portent des vêtements très étranges. »

Immédiatement après l’appel Skype, les auteurs de l’étude ont analysé l’attitude des enfants à l’égard de ces deux groupes fictifs de personnes. La même opération a été renouvelée deux semaines plus tard auprès de chaque enfant. À la fin de l’expérience, les chercheurs ont révélé aux jeunes participant·e·s que les « Flurps » et les « Gearoos » n’existaient pas, mais que s’ils étaient réels, ils seraient probablement « des gens fort sympathiques ».

Résultat : les enfants âgés de 7 à 9 ans ont eu plus tendance que les autres à s’imprégner des propos négatifs des chercheurs. Ils ont non seulement pris leurs distances avec les Flurps (en se montrant réticents à l’idée de lier une amitié avec eux), mais les ont aussi jugé comme étant de « moins bonnes personnes ». Ils étaient également plus réticents à l’idée d’accepter les caractéristiques de leur culture comparé aux enfants n’ayant pas entendu les remarques sectaires de l’inconnu pendant l’appel Skype.

Les plus jeunes semblent moins influencés

Ces réticentes ont persisté lors de la deuxième étape de l’analyse du comportement des enfants par les chercheurs, soit deux semaines après l’appel Skype. Preuve que les mots ont bien un impact durable sur la façon de penser et le comportement d’un enfant. Fait intéressant, les propos sectaires de l’inconnu sur Skype ont eu moins d’impact sur les plus jeunes enfants, ceux âgés de 4 et 5 ans. L’étude suggère que cela pourrait indiquer que les plus jeunes trouvent ce type d’information sociale moins intéressant ou moins pertinent.

« Les résultats de nos travaux suggèrent que le fait d’entendre une conversation négative à l’encontre d’un groupe social autre que le sien peut encourager les préjugés chez les enfants plus âgés, » explique Emily Conder, l’autrice principale de l’étude, dans un communiqué de presse. D’où la nécessité de songer à être le plus nuancé possible dans nos propos, si on ne veut pas que nos petits anges se transforment en petites brutes intolérantes. Après tout, la richesse est dans la différence, non ?

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