NE JAMAIS OUBLIE. Il y a 79 ans, la rafle du Vél’ d’Hiv par la police française

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LE MONDE D’AVANT. Par Frédéric LEWINO – LE POINT

Les 16 et 17 juillet 1942, 8 160 Juifs sont entassés dans le vélodrome d’hiver à Paris, avant déportation à Auschwitz.

https://www.lepoint.fr/culture/il-y-a-79-ans-la-rafle-du-vel-d-hiv-par-la-police-francaise-16-07-2021-2435761_3.php?M_BT=1811027073127#xtor=EPR-6-[Newsletter-du-soir]-20210716

C’est un monde d’avant qu’on aimerait ne plus jamais revoir. Celui des rafles opérées avec la complicité des autorités françaises. En 1942, dans le cadre de sa stratégie d’élimination de la population juive d’Europe, l’Allemagne de Hitler décide d’organiser une rafle massive simultanément dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest, dont la France, sous prétexte de se procurer de la main-d’œuvre. Les nazis donnent à l’opération le nom de Vent printanier. Le vice-président du Conseil, Pierre Laval, se plie au désir des nazis tout en obtenant, dans un premier temps, que les Juifs français ne soient pas concernés. Seuls les étrangers, apatrides ou déchus de leur nationalité française pourront être embarqués de force pour l’Allemagne.

L’Office central de la sûreté du Reich fixe à la France un quota de 110 000 Juifs. Après négociation, le gouvernement de Pétain accepte de livrer 40 000 juifs étrangers vivant en zone occupée, dont 22 000 adultes localisés en région parisienne. De son côté, le directeur de la police René Bousquet promet aux Allemands 10 000 Juifs apatrides de la zone libre.PUBLICITÉ

La date de la rafle est fixée au 13 juillet

Sont visés les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes et apatrides, âgés de 16 à 60 ans pour les hommes, de 16 à 55 ans pour les femmes, ainsi que leurs enfants. Une dizaine d’exceptions sont prévues, comme les femmes enceintes dont l’accouchement serait proche, les mères d’enfants de moins de 2 ans, les femmes nourrissant au sein, les femmes de prisonniers de guerre, les Juifs mariés à des non-juifs… Il est prévu d’effectuer le tri dans les centres de rassemblement primaire et pas au domicile. De même pour les enfants de moins de 16 ans.

13 152 Juifs arrêtés

Finalement, la rafle débute le 16 juillet à 4 heures du matin. Les 6 000 policiers mobilisés sont en possession d’une liste des Juifs à arrêter avec l’adresse et même l’étage. Ils trouvent de nombreux logements vides ou alors avec le père de famille manquant. En effet, certains policiers et d’autres fonctionnaires, horrifiés par la rafle, avaient fait fuiter l’information dès le 10 juillet. Beaucoup d’hommes ont laissé leur famille dans leur appartement car, jusque-là, les Allemands n’avaient jamais raflé les femmes et les enfants.

Pourtant, cette fois, adultes, vieillards et enfants sont embarqués, même ceux nés en France. D’après les témoignages, la plupart des policiers effectuent leur tâche sans faire de zèle. Les clés et les animaux sont confiés aux concierges. Néanmoins, de nombreuses portes restent closes, obligeant à faire venir un serrurier, ce qui retarde l’opération. Les familles sont embarquées à bord de bus. Les célibataires, les adolescents et les couples sans enfants sont déposés directement au camp de Drancy, tandis que les familles avec enfants sont emmenées au vélodrome d’hiver, situé dans le 15e arrondissement. Au cours des deux jours que dure la rafle, 13 152 Juifs sont arrêtés, dont 3 118 hommes, 5 919 femmes et 4 115 enfants. Soit 9 000 de moins que prévu.

Des conditions d’hygiène infernales

Durant cinq jours, ce sont 8 160 malheureux qui se retrouvent au Vél’ d’Hiv, sans nourriture, avec un seul point d’eau alors qu’il règne une chaleur étouffante. Rien n’a été prévu pour les accueillir. Sinon une trentaine d’urinoirs et de toilettes dont la moitié sont inaccessibles. Les conditions d’hygiène deviennent vite infernales. Ceux qui n’y résistent pas se suicident (ils sont une centaine). D’autres tentent de s’évader, mais sont descendus par les gardiens.PUBLICITÉ

Le deuxième jour, les pompiers installent une lance délivrant l’eau de la Seine. Quelques infirmières de la Croix-Rouge et du Secours national finissent par distribuer de la soupe et procurer des soins. Trois médecins sont autorisés à pénétrer dans le Vél’ d’Hiv. Seuls quelques très rares malades et femmes sur le point d’accoucher ont la chance d’être transportés à l’hôpital Rothschild, dont une partie est réquisitionnée à cet effet. Les enfants qui souffrent de maladies infantiles sont portés dans les loges du vélodrome, où ils sont allongés à même le sol.

Pour autant, point de révolte parmi les internés. Ils font confiance à leurs gardiens qui laissent entendre que les familles seront bientôt installées en Europe de l’Est. Quelques parents incitent toutefois leurs enfants à s’enfuir pendant la relève des gardiens. Certains, plus émus que les autres, ferment les yeux sur ces fuites.

Les enfants se vomissent dessus

Progressivement, les familles sont transférées dans les deux camps de transit, déjà bondés, de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, surveillés par des gendarmes et douaniers français. Le 22 juillet à 8 h 30 du matin, le Vél’ d’Hiv est enfin vide. Lettre d’un interné du Loiret : « Nous sommes 2 400 dans un hangar avec des femmes et beaucoup d’enfants, nous couchons par terre sur un peu de paille […], des enfants se pissent et se vomissent dessus. Si nous devons rester 15 jours là-dedans, la plupart seront crevés, surtout les enfants. »

Comme on pouvait le prévoir, les Allemands ne relâchent aucun enfant ni aucun vieillard car le quota d’arrestations fixé à 22 000 est loin d’être atteint. Le vice-président du Conseil, Pierre Laval, n’y voit aucun inconvénient : au contraire, il fait valoir que les orphelinats français sont déjà surpeuplés.

Une centaine d’adultes reviendront en France

Fin juillet, les mères sont les premières à partir pour Auschwitz-Birkenau, réparties dans quatre convois. Les séparations des mères et de leurs enfants sont à l’origine de scènes atroces. Ceux-ci restent livrés à eux-mêmes dans un état de dénuement extrême. Du 15 au 25 août, 3 081 enfants sont expédiés à leur tour vers Drancy, qu’ils quitteront pour le camp d’extermination, où ils seront immédiatement gazés.

Seuls une centaine d’adultes reviendront en France. Mais aucun vieillard ni enfant.

La date de la rafle est fixée au 13 juillet

Sont visés les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes et apatrides, âgés de 16 à 60 ans pour les hommes, de 16 à 55 ans pour les femmes, ainsi que leurs enfants. Une dizaine d’exceptions sont prévues, comme les femmes enceintes dont l’accouchement serait proche, les mères d’enfants de moins de 2 ans, les femmes nourrissant au sein, les femmes de prisonniers de guerre, les Juifs mariés à des non-juifs… Il est prévu d’effectuer le tri dans les centres de rassemblement primaire et pas au domicile. De même pour les enfants de moins de 16 ans.

13 152 Juifs arrêtés

Finalement, la rafle débute le 16 juillet à 4 heures du matin. Les 6 000 policiers mobilisés sont en possession d’une liste des Juifs à arrêter avec l’adresse et même l’étage. Ils trouvent de nombreux logements vides ou alors avec le père de famille manquant. En effet, certains policiers et d’autres fonctionnaires, horrifiés par la rafle, avaient fait fuiter l’information dès le 10 juillet. Beaucoup d’hommes ont laissé leur famille dans leur appartement car, jusque-là, les Allemands n’avaient jamais raflé les femmes et les enfants.

Pourtant, cette fois, adultes, vieillards et enfants sont embarqués, même ceux nés en France. D’après les témoignages, la plupart des policiers effectuent leur tâche sans faire de zèle. Les clés et les animaux sont confiés aux concierges. Néanmoins, de nombreuses portes restent closes, obligeant à faire venir un serrurier, ce qui retarde l’opération. Les familles sont embarquées à bord de bus. Les célibataires, les adolescents et les couples sans enfants sont déposés directement au camp de Drancy, tandis que les familles avec enfants sont emmenées au vélodrome d’hiver, situé dans le 15e arrondissement. Au cours des deux jours que dure la rafle, 13 152 Juifs sont arrêtés, dont 3 118 hommes, 5 919 femmes et 4 115 enfants. Soit 9 000 de moins que prévu.

Des conditions d’hygiène infernales

Durant cinq jours, ce sont 8 160 malheureux qui se retrouvent au Vél’ d’Hiv, sans nourriture, avec un seul point d’eau alors qu’il règne une chaleur étouffante. Rien n’a été prévu pour les accueillir. Sinon une trentaine d’urinoirs et de toilettes dont la moitié sont inaccessibles. Les conditions d’hygiène deviennent vite infernales. Ceux qui n’y résistent pas se suicident (ils sont une centaine). D’autres tentent de s’évader, mais sont descendus par les gardiens.

Le deuxième jour, les pompiers installent une lance délivrant l’eau de la Seine. Quelques infirmières de la Croix-Rouge et du Secours national finissent par distribuer de la soupe et procurer des soins. Trois médecins sont autorisés à pénétrer dans le Vél’ d’Hiv. Seuls quelques très rares malades et femmes sur le point d’accoucher ont la chance d’être transportés à l’hôpital Rothschild, dont une partie est réquisitionnée à cet effet. Les enfants qui souffrent de maladies infantiles sont portés dans les loges du vélodrome, où ils sont allongés à même le sol.

Pour autant, point de révolte parmi les internés. Ils font confiance à leurs gardiens qui laissent entendre que les familles seront bientôt installées en Europe de l’Est. Quelques parents incitent toutefois leurs enfants à s’enfuir pendant la relève des gardiens. Certains, plus émus que les autres, ferment les yeux sur ces fuites.

Les enfants se vomissent dessus

Progressivement, les familles sont transférées dans les deux camps de transit, déjà bondés, de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, surveillés par des gendarmes et douaniers français. Le 22 juillet à 8 h 30 du matin, le Vél’ d’Hiv est enfin vide. Lettre d’un interné du Loiret : « Nous sommes 2 400 dans un hangar avec des femmes et beaucoup d’enfants, nous couchons par terre sur un peu de paille […], des enfants se pissent et se vomissent dessus. Si nous devons rester 15 jours là-dedans, la plupart seront crevés, surtout les enfants. »

Comme on pouvait le prévoir, les Allemands ne relâchent aucun enfant ni aucun vieillard car le quota d’arrestations fixé à 22 000 est loin d’être atteint. Le vice-président du Conseil, Pierre Laval, n’y voit aucun inconvénient : au contraire, il fait valoir que les orphelinats français sont déjà surpeuplés.

Une centaine d’adultes reviendront en France

Fin juillet, les mères sont les premières à partir pour Auschwitz-Birkenau, réparties dans quatre convois. Les séparations des mères et de leurs enfants sont à l’origine de scènes atroces. Ceux-ci restent livrés à eux-mêmes dans un état de dénuement extrême. Du 15 au 25 août, 3 081 enfants sont expédiés à leur tour vers Drancy, qu’ils quitteront pour le camp d’extermination, où ils seront immédiatement gazés.

Seuls une centaine d’adultes reviendront en France. Mais aucun vieillard ni enfant.

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