Propos antisémites, espionnage, djihadisme : la Belgique expulse un imam marocain

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Propos antisémites, espionnage, djihadisme : la Belgique expulse un imam marocain
Mohamed Toujgani, le 9 avril 2016, devant la station de métro de Molenbeek à Bruxelles en Belgique.
THIERRY CHARLIER / AFP

Propos antisémites, espionnage, djihadisme : la Belgique expulse un imam marocain

« Ô Seigneur, démolis-les »

 

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L’imam marocain Mohamed Toujgani a été déchu de son permis de séjour en Belgique. Le secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration a expliqué aux médias belges que le prédicateur représentait un danger « actuel, réel et sérieux ». Déjà connu pour des propos incitant à la haine des Juifs, il est soupçonné d’ingérence pour le compte de l’État belge et apparaît dans une affaire de filière djihadiste.

Mohamed Toujgani, imam marocain, s’est vu retirer son droit au séjour en Belgique en octobre, considéré comme « une menace à la sécurité nationale », notamment pour avoir appelé à « brûler des Juifs » dans une vidéo, a indiqué la semaine dernière le gouvernement. Une information révélée par la chaîne publique flamande VRT et confirmée par le secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration, Sammy Mahdi.

La vidéo en question avait refait surface en 2019, a précisé la VRT. À l’époque, Mohamed Toujgani s’était excusé pour ces propos, évoquant « un dérapage » lié à « la guerre » menée par Israël contre les Palestiniens dans la bande de Gaza. Dans la vidéo, l’imam invoque Dieu : « Seigneur, Maître des Mondes, déverse la frayeur dans le cœur des sionistes oppresseurs. […] Seigneur, fais que le sang des martyrs soit une arme sous les pieds des sionistes oppresseurs, et que ce sang soit un feu ardent qui les brûle et un vent qui les fustige. […] Ô Seigneur, démolis-les ». Un discours résumé aujourd’hui par Sammy Mahdi comme une incitation à brûler les Juifs.

« EXTRÉMISME » ET « INGÉRENCE »

Cette interdiction de séjour, pour « extrémisme » et « ingérence », porte sur une durée de dix ans, a précisé le secrétaire d’État. Mohammed Toujgani, qui prêchait jusqu’à l’an dernier à la mosquée Al-Khalil à Molenbeek, l’un des plus grands lieux de culte musulman de Belgique, s’est vu retirer son permis de séjour « le 12 octobre » 2021, ont précisé les services de l’État dans un communiqué.

Pour expliquer cette expulsion, les médias belges évoquent également un « signal » envoyé au Maroc, accusé d’ingérence et d’espionnage notamment dans le projet de reprise de la Grande mosquée de Bruxelles. Selon les services de la Sûreté de l’État belge, cités par les médias, Mohammed Toujgani fait partie des collaborateurs de l’État marocain soupçonnés d’espionnage. « Oui, il y a un ordre de quitter le territoire et une interdiction de revenir sur le territoire belge pendant 10 ans. Je pense que c’est important de garantir qu’on vit dans un monde où on est en sécurité et où les influences extérieures sont minimalisées », s’est borné à déclarer le secrétaire d’État Sammy Mahdi.

SOUPÇONS DE RECRUTEMENT DJIHADISTE

Depuis l’annonce de son expulsion, d’autres éléments ont été rendus publics, indiquant que l’imam de Molenbeek ne s’en serait pas tenu à des propos incendiaires sur les Juifs. Selon le média flamand Het Laatste Nieuws (HLN), cette décision a également été motivée par un rapport des services de police datant de 2007, un document confidentiel de la division antiterroriste de la police judiciaire de Bruxelles sur les liens entre les milieux djihadistes belges et espagnols.

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Selon HLN, ce document contient le témoignage d’un djihadiste repenti décrivant à la garde civile espagnole comment des personnes ont été recrutées en Belgique pour partir combattre en Irak sous la bannière d’Al-Qaida. Il y désigne un certain « Mohamed Tozgane » comme le troisième chef du réseau, responsable de la mosquée Al-Khalil à Molenbeek. La police belge en a conclu qu’il s’agissait de Toujgani.

DES OPINIONS EXTRÊMES

Le média flamand Bruzz évoque, pour sa part, la décision d’un tribunal de première instance francophone qui devait statuer sur l’autorisation ou non de Toujgani à devenir un citoyen belge ; une demande soumise par l’imam à la commune de Molenbeek fin 2019 alors qu’il ne parle, comme la loi l’exige pourtant, ni flamand ni français. Dans son jugement, le tribunal indique que, si les sermons de l’imam semblent modérés, il diffuse pourtant des opinions plus extrêmes en cercles restreints.

Selon ce même tribunal, Toujgani entretient aussi des contacts avec des personnalités extrémistes, notamment avec des personnes condamnées à l’étranger pour des attentats. Selon Bruzz, le prédicateur Abu Qatada, qui entretient des liens avec Al-Qaida, ou Mohamed Fizazi, emprisonné pendant 30 ans avant d’être gracié pour les attentats de Casablanca, feraient partie de ces contacts.

UN « DANGER ACTUEL, RÉEL ET SÉRIEUX »

Il s’agit d’« une affaire strictement privée sur laquelle notre institution n’a aucun commentaire à apporter », a réagi l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), organe représentatif et interlocuteur de l’État belge pour la gestion du culte musulman. L’EMB a souligné, dans un communiqué publié sur son site Internet, n’avoir « pas de lien d’autorité avec les imams non rattachés aux mosquées subventionnées ».

Le secrétaire d’État Sammy Mahdi a, pour sa part, enfoncé le clou devant la Chambre des représentants : « Les services de sécurité estiment que cet homme doit être considéré comme un danger actuel, réel et sérieux pour la sécurité nationale. On parle ici d’extrémisme et d’ingérence. »

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Source : Marianne

 

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