Zone interdite montre l’islamisme, des militants de la France insoumise dénoncent l'”islamophobie”

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Zone interdite montre l'islamisme, des militants de la France insoumise dénoncent l'"islamophobie"
Capture d’écran de l’émission “Zone Interdite ” (M6).
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Zone interdite montre l’islamisme, des militants de la France insoumise dénoncent l'”islamophobie”

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L’émission de M6 « Zone Interdite » voulait documenter le développement de l’islamisme dans certains quartiers français. Mais avant même la diffusion du programme, une partie des militants et un cadre de la France insoumise ont appelé au boycott. Selon eux, ce type d’enquête nourrirait l’islamophobie et désignerait les musulmans à la vindicte populaire.

Il n’y a pas que l’extrême droite qui confonde musulmans et fondamentalistes religieux. Alors qu’un reportage sur les courants les plus radicaux de l’islam était diffusé dans le magazine « Zone interdite » sur M6 hier dimanche 23 janvier, une désolante levée de boucliers a agité une partie de la gauche et tout particulièrement les militants de la France insoumise.

À première vue pourtant, difficile de comprendre ce qui dérange ; le reportage documente l’installation d’un islam fondamentaliste à Marseille, Roubaix, Lyon. Sont exposés : écoles illégales dissimulées, fillettes de 7 ans voilées, mosquées radicales à l’enseignement salafiste… Des pratiques qui n’ont rien à voir avec l’islam pratiqué par l’immense majorité des citoyens français musulmans, mais qui relèvent d’une dérive bien connue : le fréro-salafisme.

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LA FAUTE DES JOURNALISTES

« Je ne vois pas pourquoi les musulmans n’auraient pas le droit de faire comme les écoles Saint Pie X et séparer les garçons et filles » a-t-on même entendu dans cet espace de discussion. Rappelons que la Fraternité Saint-Pie X est une communauté catholique traditionaliste ultra-conservatrice qui a couvert et encouragé des violences sur les femmes de sa communauté. Elle se trouve sous haute surveillance des services de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) en raison de son caractère sectaire. À ce jour, personne n’a encore songé à accuser la Miviludes de « christianophobie ».

 

 

Cette comparaison très hasardeuse n’émane pourtant pas d’un quelconque quidam. Mais de David Guiraud, porte-parole jeunesse de la France insoumise. Peu après la diffusion du reportage, il s’est ému, dans une « réaction à chaud » publiée sur Twitter, du « journalisme de caniveau » de M6. Selon lui, les enquêteurs sont des « obsessionnels » qui se trompent de combat : le problème, à Roubaix, n’a rien à voir avec le développement de l’islam fréro-salafiste mais uniquement de la précarité. « Ce reportage est une diversion », conclut-il. Et tant pis si les synergies entre précarité et développement du fréro-salafisme méritent d’être observées et analysées avec honnêteté par les responsables politiques. David Guiraud ne semble pas vouloir marquer la différence entre l’islam et les pratiques défendues par les courants salafistes et par l’organisation des Frères musulmans en France et en Europe.

ISLAMISME ? CONNAIS PAS…

C’est pourtant par le témoignage d’un Français de culture arabo-musulmane que s’est ouvert le documentaire dimanche soir. Militant politique et habitant de Roubaix, Amine Elbahi s’est engagé dans la lutte contre l’islamisme après la radicalisation de sa grande sœur, qui s’est rendue en Syrie. Elle se trouve aujourd’hui encore détenue dans l’un des camps réservés aux combattants et épouses de l’État islamique.

Témoignant à visage découvert, le militant laïque n’a pas tardé à essuyer insultes et menaces sur les réseaux sociaux. « On va te retrouver », lui promet un internaute. « C’est une manière pour lui de se venger de l’endoctrinement de sa sœur par l’État islamique », analyse un autre. Son tort : avoir emmené les équipes de M6 dans l’un des quartiers les plus islamisés de la ville, la rue de Lannoy. Sur quelques centaines de mètres : une majorité des femmes portant le niqab, vêtement couvrant le visage et le corps, profusion de boucheries dites hallal, un restaurant muni de petit box où les femmes peuvent déjeuner dissimulées derrière un rideau, ou encore des librairies proposant des ouvrages islamistes.

 

 

Dès lundi matin sur CNews, David Guiraud assurait le service après-vente des indignations insoumises. Interrogé sur le reportage, il tente : « Je ne sais pas ce que c’est une bibliothèque islamiste, il faudrait qu’on arrive à définir ça un jour », en référence aux images filmées rue de Lannoy. La réponse apportée par « Zone interdite » semble pourtant assez claire : une librairie islamiste, c’est un lieu où l’on peut trouver des ouvrages détaillant la marche à suivre pour faire le djihad, comme l’ouvrage de référence « la Voie du musulman » montré dans le reportage, ou expliquant qu’une femme musulmane mariée n’a pas le droit de se refuser sexuellement à son mari – soit l’équivalent d’un viol en droit français. Autant de préceptes que ne partagent pas l’immense majorité des citoyens français musulmans non-adeptes de cet islam fondamentaliste. David Guiraud n’en démord pourtant pas : « Ce n’est pas ça Roubaix ! Dans cette rue, il y a même un caviste. » Un caviste demeure, la République est sauvée.

 

 

Quoi qu’il en soit, la réaction de la France insoumise est en parfaite adéquation avec les indignations de la frange décoloniale de l’extrême gauche. « #ZoneInterdite se lance corps et âme dans une propagande à vomir. Ce reportage illustre à merveille comment les médias fabriquent “le problème musulman” pour servir le politique », accuse la journaliste d’Anadolu, l’agence de presse turque, Feïza Ben Mohammed.

EXPLOITATION POLITIQUE DE TOUS LES CÔTÉS

Ces réactions font aussi les affaires de la droite identitaire. Éric Zemmour, candidat du nouveau parti Reconquête ! a proposé dès lundi matin son programme visant « l’islam », opérant le même amalgame que le cadre de La France insoumise. « Vous voulez savoir contre quoi je me bats ? Allumez votre télévision, regardez M6 », a tweeté le candidat dimanche soir. Et de renchérir, sans nuance : « L’Afghanistan à deux heures de Paris ».

 

 

Devant la complaisance du principal parti de gauche à la présidentielle, l’extrême droite a tout un boulevard devant elle pour occuper le terrain. Et tant pis pour les personnalités engagées dans ce combat qui n’appellent ni à la haine, ni à l’anathème, comme Amine Elbahi. Ou comme l’imam franco-tunisien Hassen Chalgoumi, interrogé dans le reportage de « Zone Interdite ». « L’islamisme est la maladie de l’islam », a répété celui qui est encore imam à Drancy. Le prédicateur, qui s’est toujours exprimé contre les tueries djihadistes et l’enracinement de l’islam fréro-salafiste, vit aujourd’hui sous protection policière quotidienne. Sa femme et ses cinq enfants ont été contraints de quitter le pays. À vouloir défendre ces courants islamistes coûte que coûte, les militants bien intentionnés comme David Guiraud semblent oublier que les victimes de ces fondamentalismes sont aussi musulmans.

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