Catégorie : Marianne

Le négationniste Vincent Reynouard arrêté en Écosse après deux ans de cavale

Depuis de nombreuses années nous avons déposé plainte à
maintes reprises contre Vincent Reynouard (comme d’autres associations) et espérons que celles-ci pourront maintenant aboutir.

 

Âgé de 53 ans, le négationniste Vincent Reynouard propageait, depuis la Grande-Bretagne, des thèses niant l’existence de l’Holocauste. Les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH) le traquaient activement depuis deux ans. Il a été arrêté jeudi 10 novembre dans la petite ville d’Anstruther, près d’Édimbourg, en Écosse.

 

Il niait le génocide des juifs et propageait, sur Internet, une redoutable parole haineuse. Selon des informations de Marianne, Vincent Reynouard, un idéologue d’extrême droite, a été interpellé jeudi 10 novembre en Écosse, après plus de deux ans de cavale. Collaborateur régulier de l’hebdomadaire antisémite Rivarol, ce militant négationniste fuyait outre-Manche plusieurs condamnations par la justice française.

Jeudi, les policiers écossais l’ont interpellé à l’heure du laitier « dans la région d’Anstruther », un village côtier situé au nord d’Édimbourg, « à la demande des autorités françaises », a déclaré à Marianne un porte-parole de la police écossaise. Il vivait sous une fausse identité. Présenté à un juge de la capitale écossaise, il a refusé d’être extradé vers la France. Placé en détention provisoire, il devrait être fixé sur son sort à une future audience judiciaire. Les gendarmes espèrent sa remise prochaine à la France, afin de le juger pour l’ensemble de ses actes.

Cet ancien professeur de mathématiques de 53 ans, révoqué de l’Éducation nationale, était traqué par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH). Voyant en lui un « négationniste professionnel de la Shoah » et un agent particulièrement influent de l’antisémitisme en France, l’Office avait fait de son arrestation une priorité, depuis la découverte de tags négationnistes sur le mémorial du village martyr d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), en août 2020, ce qui avait provoqué une indignation nationale. En dessous de ces graffitis à la bombe de peinture blanche figurait ce mot : « Reynouard a raison. »

 

À LIRE AUSSI : Comment les policiers et gendarmes de l’OCLCH traquent la haine en ligne

Vincent Reynouard, qui vivait depuis plusieurs années caché au Royaume-Uni, était recherché pour plusieurs condamnations en suspens dans l’Hexagone. À Paris, en 2021, il avait été condamné à six mois ferme pour contestation de crime contre l’humanité, pour une vidéo dans laquelle il niait la Shoah. Il devait également exécuter une peine d’un an d’emprisonnement après une condamnation par la cour d’appel de Caen, datant de 2015, pour la même infraction. C’est sur la base de cette dernière décision que les gendarmes ont pu obtenir l’exécution d’un mandat d’arrêt au Royaume-Uni, où le délit de « négationnisme » n’existe pas à l’identique.

TRAVAIL DE COOPÉRATION

Toujours extrêmement actif sur les réseaux sociaux Gab et VK, Vincent Reynouard avait une première fois été repéré par le SO15, les services antiterroristes britanniques, en 2021, dans le Kent, une banlieue de Londres. Mais il était parvenu à réchapper aux bobbies, les policiers londoniens. « Il leur a filé entre les doigts », selon une source proche de l’enquête. Après s’être créé une identité fictive, Reynouard mettra près d’un an à être de nouveau localisé près d’Édimbourg. « Il a pu être interpellé grâce à un énorme travail de coopération internationale, et en particulier grâce à nos homologues britanniques. Malgré les difficultés juridiques qui peuvent exister, l’Office ne lâchera pas les idéologues qui propagent la haine, où qu’ils se trouvent », affirme à Marianne le général Jean-Philippe Reiland, le patron de l’OCLCH. Un avertissement direct aux autres gourous qui ont trouvé refuge à l’étranger pour fuir la justice française.

Source :https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/le-negationniste-vincent-reynouard-arrete-en-ecosse-apres-deux-ans-de-cavale

 

 

 

Quand le maire de Stains fait de la récupération politique en s’indignant de la récupération politique

Le meurtre de la jeune Lola et celui de la mère de famille Nadia Hassade à Nantes ont déclenché toute une série de récupérations politiques. Mais à ce sinistre jeu-là, le maire de Stains Azzédine Taïbi est un champion de haute voltige, condamnant les autres… tout en récupérant pour lui-même.

Comme pour les chasseurs, il y a la bonne et la mauvaise récupération politique. Dimanche à Nantes, Nadia Hassade, une mère de famille bien connue du quartier de Bellevue a été sauvagement assassinée alors qu’elle attendait le bus pour se rendre sur son lieu de travail. Un crime semble-t-il gratuit et d’une grande violence, le corps ayant été lardé de plus d’une vingtaine de coups de couteau. Hier mercredi, alors que le procureur de Nantes tenait une conférence de presse, le maire de Stains, Azzédine Taïbi, s’est fendu d’un tweet d’indignation : « Une pensée émue à Nadia Hassade 47 ans, mère de 4 enfants et qui portait le voile, poignardée en pleine rue tôt le matin, alors qu’elle se rendait à son travail. Un crime odieux et islamophobe. Le procureur n’exclut pas la motivation raciale ou religieuse, et silence des médias !»

Un crime odieux, certes. Islamophobe ? À ce stade, aucun élément n’a été donné par les enquêteurs permettant d’étayer cette piste. D’ailleurs, selon le procureur mercredi, la piste n’est « pas du tout envisagée à ce stade ». Le suspect, un habitant du même quartier, voisin de sa victime, extrêmement alcoolisé au moment des faits, a avoué avoir ressenti un « besoin irrépressible de violence ».

Récupération politique ? Vous n’y pensez pas ! Car quelques heures à peine après avoir tweeté, l’édile s’indigne à nouveau : « Une pensée émue pour la petite #Lola, son meurtre atroce et barbare est insupportable. Face au deuil, la récupération politique ne s’est pas fait attendre et resurgit comme la bête immonde sur fond de haine raciste. Une pensée solidaire à la famille. » C’est comme ça, la politique… La vérité de 18 h 22 (le premier tweet) n’est pas celle de 19 h 26 (le second) et l’on peut à la fois tenter de récupérer le meurtre d’une mère de famille voilée en l’étiquetant illico « islamophobe » sans aucun élément matériel pour l’étayer et hurler, une heure et quatre minutes plus tard, à la « bête immonde » quand l’extrême droite vient instrumentaliser le meurtre d’une adolescente avec le même cynisme. Car finalement, Éric Zemmour et son « francocide » ou Azzédine Taïbi et son meurtre « islamophobe » relèvent de la même méthode : exciter les passions communautaires pour fracturer la société.

 

Une stratégie que le maire de Stains maîtrise à la perfection. En septembre, il s’est fait remarquer en renommant temporairement l’une des rues de sa ville du nom d’une des femmes du prophète Mahomet, au nom d’un « projet artistique » visant à visibiliser les « femmes inspirantes ». Et comme les ficelles ne sont jamais trop grosses, alors qu’il était interrogé à ce sujet sur CNews, il est apparu en duplex devant un drapeau… palestinien. Subtil. Cette technique-là sent le réchauffé : en 2015, il l’avait carrément hissé au fronton de la mairie, à côté du drapeau français. Car quoi de mieux que l’importation d’un conflit sulfureux pour cliver ?

AMI ET CAMARADE D’HOURIA BOUTELDJA

Rien de surprenant à ce que l’édile qualifie, en octobre 2022, de « chère amie et camarade » Houria Bouteldja, figure de ce que le décolonialisme produit de pire, notamment connue pour son ouvrage Les Blancs les Juifs et nous. Dans cet essai tristement remarqué, elle appelle les femmes noires à protéger leur communauté en ne portant pas plainte lorsqu’elles sont violées par des Noirs, explique n’avoir jamais pu dire « nous » en y incluant les Blancs puisqu’ils « ne le méritent pas », ou encore que la « tarlouze » (sic) arabe se soumet en réalité à la domination occidentale.

En 2015, la « chère amie » d’Azzédine Taïbi critiquait les mariages mixtes, prêchant pour que les « indigènes » « apprennent à s’aimer » en privilégiant les mariages intracommunautaires : « la perspective décoloniale, c’est d’abord de nous aimer nous-même, de nous accepter, de nous marier avec une musulmane ou un musulman, un noir ou une noire. » De quoi inspirer au politologue Thomas Guénolé cette réplique, dans Ce soir ou jamais en mars 2016 : « Donc les Noirs avec les Noirs, les Arabes avec les Arabes, les Blancs avec les Blancs. D’un point de vue technique, pour suivre votre idée, il faudrait faire des lois raciales ». Voilà qui plairait… à Éric Zemmour.

https://www.marianne.net/politique/gauche/quand-le-maire-de-stains-fait-de-la-recuperation-politique-en-sindignant-de-la-recuperation-politique

 

Menacés, les enseignants d’un collège de Cergy alertent : “on est en train de se faire broyer”

Menacés, les enseignants d’un collège de Cergy alertent : “on est en train de se faire broyer”

Pas de vague

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Le personnel du collège Gérard-Philippe à Cergy (Val-d’Oise) est en grève ce jeudi 14 avril, après une recrudescence de violences ces dernières semaines. « L’absence de sanctions et de suivi rend la situation invivable », s’insurgent-ils.

« On a dépassé un seuil impensable. On se sent comme des moins que rien. J’ai fait plein de boulots… j’ai travaillé à l’usine. Jamais on ne m’a manqué autant de respect », s’insurge Célia. Cette surveillante au collège Gérard-Philippe à Cergy (Val d’Oise) fait grève ce jeudi 14 avril, comme une partie de ses collègues et des enseignants de cet établissement, situé entre les deux quartiers prioritaires de la ville.

Un mouvement social indépendant du contexte électoral d’entre deux tours, insiste le personnel de ce collège en REP (réseau d’éducation prioritaire), qui accueille 630 élèves, selon les chiffres du rectorat. « Tous les jours, les surveillants se prennent des “nique ta mère” et il n’y a aucune réaction de la part de notre hiérarchie. C’est un cirque, ce n’est plus de l’enseignement », regrette, dépité, Christophe*, un jeune professeur qui a pris son premier poste dans ce collège à la rentrée. Les personnels grévistes protestent contre ce qu’ils vivent comme un abandon de la part de leur hiérarchie.

Source : https://www.marianne.net/societe/education/menaces-les-enseignants-dun-college-de-cergy-alertent-on-est-en-train-de-se-faire-broyer

 

Amine Elbahi : “Voir Gérald Darmanin soutenir le maire de Roubaix laisse circonspect”

Amine Elbahi : “Voir Gérald Darmanin soutenir le maire de Roubaix laisse circonspect”

Trois questions à…

Par Hugo Romani

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L’implication du gouvernement contre l’islamisme et le clientélisme souffrirait-elle de faiblesses ? Au micro de BFMTV, Gérald Darmanin a exprimé sa sympathie au maire de Roubaix, Guillaume Delbar, pourtant mis en cause par la justice pour une subvention à une association prosélyste. Amine Elbahi, militant laïque à Roubaix, menacé de mort depuis son passage dans l’émission Zone Interdite, de M6 réagit auprès de « Marianne ».

C’est une marque d’amitié qui peut dérouter. Au micro de BFMTV, ce mardi 8 février, Gérald Darmanin a exprimé sa sympathie au maire de Roubaix Guillaume Delbar pourtant mis en cause pour des pratiques clientélistes.

À LIRE AUSSI :“Zone interdite” sur l’islamisme à Roubaix : “on a préféré se mettre la tête dans le sable”

Au micro d’Apolline de Malherbe, le ministre de l’Intérieur (et ancien maire de Tourcoing) a déclaré soutenir son « ami qui traverse un moment difficile » et qui « indépendamment répond des difficultés qu’il peut avoir dans la gestion de sa commune (…) Le maire de Roubaix a trouvé une situation dans sa ville extrêmement difficile. Personne ne peut penser que le jeune maire de Roubaix est responsable de trente, quarante, parfois cinquante ans de renoncement de la république. »

 

La ville de Roubaix aurait financé jusqu’à l’été 2021 l’association AAIR accusée de prosélytisme religieux, sous couvert de cours de soutien scolaire, et qui a fermé ses portes depuis. Le maire divers droite de la ville, Guillaume Delbar, doit comparaître à l’automne devant la justice pour « détournement de fonds par négligence ». Interrogé dans un reportage de Zone Interdite diffusée le 23 janvier sur M6, l’édile déclarait ne pas avoir « vu le début d’une marque de prosélytisme » dans les activités de cette association. Avant d’admettre que les « cours coraniques, ça ne veut pas dire djihad ».

Présent dans ce même reportage de Zone Interdite, et menacé de mort depuis, le juriste roubaisien Amine Elbahi, assure avoir averti Delbar dès le mois d’octobre 2020. Pour Marianne, il réagit aux propos de Gérald Darmanin.

Marianne : Qu’avez-vous pensé des propos de Gérald Darmanin au micro de BFM ce mardi ?

Amine Elbahi : Dès que j’ai pris connaissance des propos de Gérald Darmanin, j’ai tweeté. Bien sûr qu’il a le droit d’avoir de l’amitié pour Guillaume Delbar. Mais dans ces propos, j’ai été surpris de ne pas entendre de mots pour Ophélie Meunier ou pour moi-même. Pourtant, j’ai pris des risques en mettant en lumière des faits inacceptables. Je cherche à promouvoir les valeurs de la République. Donc voir le ministre de l’Intérieur soutenir un maire qui est poursuivi pour « détournement de fonds publics par négligence », ça me laisse circonspect.

 

 

Je pense qu’il est surtout gêné parce que c’est son ami qui est en cause. Il défend une position intenable pour ne pas mettre en péril sa carrière politique. Tout ce que je retiens c’est que je n’ai pas eu le droit à un message de soutien. Mais finalement je le remercie pour ce non-soutien. Le Ministre montre que cette affaire est avant tout politique. Franchement, on en attend davantage d’un ministre de l’Intérieur.

Quel regard portez-vous sur la lutte contre le séparatisme menée par le gouvernement ?

Le reportage de l’émission Zone Interdite montre qu’il y a des dérives. Le gouvernement n’a pas été suffisamment loin. Personnellement, je suis favorable à la création d’un délit d’islamisme. Aujourd’hui la France est toujours dans la réaction, jamais dans l’action. Il y a un manque de volonté politique, regardez par exemple les magasins présentés dans le reportage de M6. Ils n’ont pas été fermés à cause du communautarisme mais pour des raisons d’hygiène. On parle de lutte contre le séparatisme mais il y a surtout de l’hypocrisie.

Que proposez-vous pour endiguer cette montée du communautarisme ?

Je pense qu’il faut réarmer le régalien, en renforçant les moyens de l’État. Il faut également renouer le lien avec les communes. L’action doit être modernisée. Mais pour cela il faut de l’ambition politique. Nos gouvernants en ont-ils ? Là est la question. En tout cas il est nécessaire de s’appuyer sur le terrain et pas seulement sur des chiffres comme le fait Monsieur Darmanin.

Je compte bien en faire partie et aider à la modernisation de l’action de l’État, dès cette élection présidentielle. Je me félicite que certains candidats d’ailleurs comme Fabien Roussel prennent en considération ces problématiques. Parce que là nous avons l’impression de tous vivre dos à dos. L’État devra apaiser et réconcilier.

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Éric Naulleau : “Mélenchon dans ‘Face à Baba’ sur C8 ou la trajectoire d’un crash républicain”

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Zone interdite montre l’islamisme, des militants de la France insoumise dénoncent l'”islamophobie”

Zone interdite montre l'islamisme, des militants de la France insoumise dénoncent l'"islamophobie"
Capture d’écran de l’émission “Zone Interdite ” (M6).
Capture d’écran

Zone interdite montre l’islamisme, des militants de la France insoumise dénoncent l'”islamophobie”

Déni

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L’émission de M6 « Zone Interdite » voulait documenter le développement de l’islamisme dans certains quartiers français. Mais avant même la diffusion du programme, une partie des militants et un cadre de la France insoumise ont appelé au boycott. Selon eux, ce type d’enquête nourrirait l’islamophobie et désignerait les musulmans à la vindicte populaire.

Il n’y a pas que l’extrême droite qui confonde musulmans et fondamentalistes religieux. Alors qu’un reportage sur les courants les plus radicaux de l’islam était diffusé dans le magazine « Zone interdite » sur M6 hier dimanche 23 janvier, une désolante levée de boucliers a agité une partie de la gauche et tout particulièrement les militants de la France insoumise.

À première vue pourtant, difficile de comprendre ce qui dérange ; le reportage documente l’installation d’un islam fondamentaliste à Marseille, Roubaix, Lyon. Sont exposés : écoles illégales dissimulées, fillettes de 7 ans voilées, mosquées radicales à l’enseignement salafiste… Des pratiques qui n’ont rien à voir avec l’islam pratiqué par l’immense majorité des citoyens français musulmans, mais qui relèvent d’une dérive bien connue : le fréro-salafisme.

À LIRE AUSSI : Accablé par “Zone interdite” et accusé de financer le séparatisme, le maire de Roubaix bientôt jugé

LA FAUTE DES JOURNALISTES

« Je ne vois pas pourquoi les musulmans n’auraient pas le droit de faire comme les écoles Saint Pie X et séparer les garçons et filles » a-t-on même entendu dans cet espace de discussion. Rappelons que la Fraternité Saint-Pie X est une communauté catholique traditionaliste ultra-conservatrice qui a couvert et encouragé des violences sur les femmes de sa communauté. Elle se trouve sous haute surveillance des services de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) en raison de son caractère sectaire. À ce jour, personne n’a encore songé à accuser la Miviludes de « christianophobie ».

 

 

Cette comparaison très hasardeuse n’émane pourtant pas d’un quelconque quidam. Mais de David Guiraud, porte-parole jeunesse de la France insoumise. Peu après la diffusion du reportage, il s’est ému, dans une « réaction à chaud » publiée sur Twitter, du « journalisme de caniveau » de M6. Selon lui, les enquêteurs sont des « obsessionnels » qui se trompent de combat : le problème, à Roubaix, n’a rien à voir avec le développement de l’islam fréro-salafiste mais uniquement de la précarité. « Ce reportage est une diversion », conclut-il. Et tant pis si les synergies entre précarité et développement du fréro-salafisme méritent d’être observées et analysées avec honnêteté par les responsables politiques. David Guiraud ne semble pas vouloir marquer la différence entre l’islam et les pratiques défendues par les courants salafistes et par l’organisation des Frères musulmans en France et en Europe.

ISLAMISME ? CONNAIS PAS…

C’est pourtant par le témoignage d’un Français de culture arabo-musulmane que s’est ouvert le documentaire dimanche soir. Militant politique et habitant de Roubaix, Amine Elbahi s’est engagé dans la lutte contre l’islamisme après la radicalisation de sa grande sœur, qui s’est rendue en Syrie. Elle se trouve aujourd’hui encore détenue dans l’un des camps réservés aux combattants et épouses de l’État islamique.

Témoignant à visage découvert, le militant laïque n’a pas tardé à essuyer insultes et menaces sur les réseaux sociaux. « On va te retrouver », lui promet un internaute. « C’est une manière pour lui de se venger de l’endoctrinement de sa sœur par l’État islamique », analyse un autre. Son tort : avoir emmené les équipes de M6 dans l’un des quartiers les plus islamisés de la ville, la rue de Lannoy. Sur quelques centaines de mètres : une majorité des femmes portant le niqab, vêtement couvrant le visage et le corps, profusion de boucheries dites hallal, un restaurant muni de petit box où les femmes peuvent déjeuner dissimulées derrière un rideau, ou encore des librairies proposant des ouvrages islamistes.

 

 

Dès lundi matin sur CNews, David Guiraud assurait le service après-vente des indignations insoumises. Interrogé sur le reportage, il tente : « Je ne sais pas ce que c’est une bibliothèque islamiste, il faudrait qu’on arrive à définir ça un jour », en référence aux images filmées rue de Lannoy. La réponse apportée par « Zone interdite » semble pourtant assez claire : une librairie islamiste, c’est un lieu où l’on peut trouver des ouvrages détaillant la marche à suivre pour faire le djihad, comme l’ouvrage de référence « la Voie du musulman » montré dans le reportage, ou expliquant qu’une femme musulmane mariée n’a pas le droit de se refuser sexuellement à son mari – soit l’équivalent d’un viol en droit français. Autant de préceptes que ne partagent pas l’immense majorité des citoyens français musulmans non-adeptes de cet islam fondamentaliste. David Guiraud n’en démord pourtant pas : « Ce n’est pas ça Roubaix ! Dans cette rue, il y a même un caviste. » Un caviste demeure, la République est sauvée.

 

 

Quoi qu’il en soit, la réaction de la France insoumise est en parfaite adéquation avec les indignations de la frange décoloniale de l’extrême gauche. « #ZoneInterdite se lance corps et âme dans une propagande à vomir. Ce reportage illustre à merveille comment les médias fabriquent “le problème musulman” pour servir le politique », accuse la journaliste d’Anadolu, l’agence de presse turque, Feïza Ben Mohammed.

EXPLOITATION POLITIQUE DE TOUS LES CÔTÉS

Ces réactions font aussi les affaires de la droite identitaire. Éric Zemmour, candidat du nouveau parti Reconquête ! a proposé dès lundi matin son programme visant « l’islam », opérant le même amalgame que le cadre de La France insoumise. « Vous voulez savoir contre quoi je me bats ? Allumez votre télévision, regardez M6 », a tweeté le candidat dimanche soir. Et de renchérir, sans nuance : « L’Afghanistan à deux heures de Paris ».

 

 

Devant la complaisance du principal parti de gauche à la présidentielle, l’extrême droite a tout un boulevard devant elle pour occuper le terrain. Et tant pis pour les personnalités engagées dans ce combat qui n’appellent ni à la haine, ni à l’anathème, comme Amine Elbahi. Ou comme l’imam franco-tunisien Hassen Chalgoumi, interrogé dans le reportage de « Zone Interdite ». « L’islamisme est la maladie de l’islam », a répété celui qui est encore imam à Drancy. Le prédicateur, qui s’est toujours exprimé contre les tueries djihadistes et l’enracinement de l’islam fréro-salafiste, vit aujourd’hui sous protection policière quotidienne. Sa femme et ses cinq enfants ont été contraints de quitter le pays. À vouloir défendre ces courants islamistes coûte que coûte, les militants bien intentionnés comme David Guiraud semblent oublier que les victimes de ces fondamentalismes sont aussi musulmans.

À LIRE AUSSI : FEMYSO, ces jeunes européens qui gravitent dans la galaxie des Frères musulmans

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Propos antisémites, espionnage, djihadisme : la Belgique expulse un imam marocain

Propos antisémites, espionnage, djihadisme : la Belgique expulse un imam marocain
Mohamed Toujgani, le 9 avril 2016, devant la station de métro de Molenbeek à Bruxelles en Belgique.
THIERRY CHARLIER / AFP

Propos antisémites, espionnage, djihadisme : la Belgique expulse un imam marocain

« Ô Seigneur, démolis-les »

 

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L’imam marocain Mohamed Toujgani a été déchu de son permis de séjour en Belgique. Le secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration a expliqué aux médias belges que le prédicateur représentait un danger « actuel, réel et sérieux ». Déjà connu pour des propos incitant à la haine des Juifs, il est soupçonné d’ingérence pour le compte de l’État belge et apparaît dans une affaire de filière djihadiste.

Mohamed Toujgani, imam marocain, s’est vu retirer son droit au séjour en Belgique en octobre, considéré comme « une menace à la sécurité nationale », notamment pour avoir appelé à « brûler des Juifs » dans une vidéo, a indiqué la semaine dernière le gouvernement. Une information révélée par la chaîne publique flamande VRT et confirmée par le secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration, Sammy Mahdi.

La vidéo en question avait refait surface en 2019, a précisé la VRT. À l’époque, Mohamed Toujgani s’était excusé pour ces propos, évoquant « un dérapage » lié à « la guerre » menée par Israël contre les Palestiniens dans la bande de Gaza. Dans la vidéo, l’imam invoque Dieu : « Seigneur, Maître des Mondes, déverse la frayeur dans le cœur des sionistes oppresseurs. […] Seigneur, fais que le sang des martyrs soit une arme sous les pieds des sionistes oppresseurs, et que ce sang soit un feu ardent qui les brûle et un vent qui les fustige. […] Ô Seigneur, démolis-les ». Un discours résumé aujourd’hui par Sammy Mahdi comme une incitation à brûler les Juifs.

« EXTRÉMISME » ET « INGÉRENCE »

Cette interdiction de séjour, pour « extrémisme » et « ingérence », porte sur une durée de dix ans, a précisé le secrétaire d’État. Mohammed Toujgani, qui prêchait jusqu’à l’an dernier à la mosquée Al-Khalil à Molenbeek, l’un des plus grands lieux de culte musulman de Belgique, s’est vu retirer son permis de séjour « le 12 octobre » 2021, ont précisé les services de l’État dans un communiqué.

Pour expliquer cette expulsion, les médias belges évoquent également un « signal » envoyé au Maroc, accusé d’ingérence et d’espionnage notamment dans le projet de reprise de la Grande mosquée de Bruxelles. Selon les services de la Sûreté de l’État belge, cités par les médias, Mohammed Toujgani fait partie des collaborateurs de l’État marocain soupçonnés d’espionnage. « Oui, il y a un ordre de quitter le territoire et une interdiction de revenir sur le territoire belge pendant 10 ans. Je pense que c’est important de garantir qu’on vit dans un monde où on est en sécurité et où les influences extérieures sont minimalisées », s’est borné à déclarer le secrétaire d’État Sammy Mahdi.

SOUPÇONS DE RECRUTEMENT DJIHADISTE

Depuis l’annonce de son expulsion, d’autres éléments ont été rendus publics, indiquant que l’imam de Molenbeek ne s’en serait pas tenu à des propos incendiaires sur les Juifs. Selon le média flamand Het Laatste Nieuws (HLN), cette décision a également été motivée par un rapport des services de police datant de 2007, un document confidentiel de la division antiterroriste de la police judiciaire de Bruxelles sur les liens entre les milieux djihadistes belges et espagnols.

À LIRE AUSSI : En Belgique, “cessons enfin de financer les cultes” !

Selon HLN, ce document contient le témoignage d’un djihadiste repenti décrivant à la garde civile espagnole comment des personnes ont été recrutées en Belgique pour partir combattre en Irak sous la bannière d’Al-Qaida. Il y désigne un certain « Mohamed Tozgane » comme le troisième chef du réseau, responsable de la mosquée Al-Khalil à Molenbeek. La police belge en a conclu qu’il s’agissait de Toujgani.

DES OPINIONS EXTRÊMES

Le média flamand Bruzz évoque, pour sa part, la décision d’un tribunal de première instance francophone qui devait statuer sur l’autorisation ou non de Toujgani à devenir un citoyen belge ; une demande soumise par l’imam à la commune de Molenbeek fin 2019 alors qu’il ne parle, comme la loi l’exige pourtant, ni flamand ni français. Dans son jugement, le tribunal indique que, si les sermons de l’imam semblent modérés, il diffuse pourtant des opinions plus extrêmes en cercles restreints.

Selon ce même tribunal, Toujgani entretient aussi des contacts avec des personnalités extrémistes, notamment avec des personnes condamnées à l’étranger pour des attentats. Selon Bruzz, le prédicateur Abu Qatada, qui entretient des liens avec Al-Qaida, ou Mohamed Fizazi, emprisonné pendant 30 ans avant d’être gracié pour les attentats de Casablanca, feraient partie de ces contacts.

UN « DANGER ACTUEL, RÉEL ET SÉRIEUX »

Il s’agit d’« une affaire strictement privée sur laquelle notre institution n’a aucun commentaire à apporter », a réagi l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), organe représentatif et interlocuteur de l’État belge pour la gestion du culte musulman. L’EMB a souligné, dans un communiqué publié sur son site Internet, n’avoir « pas de lien d’autorité avec les imams non rattachés aux mosquées subventionnées ».

Le secrétaire d’État Sammy Mahdi a, pour sa part, enfoncé le clou devant la Chambre des représentants : « Les services de sécurité estiment que cet homme doit être considéré comme un danger actuel, réel et sérieux pour la sécurité nationale. On parle ici d’extrémisme et d’ingérence. »

À LIRE AUSSI : Vingt-deux mosquées radicales fermées : “L’administration s’est mise en ordre de bataille”

Source : Marianne

 

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Apologie du jihad : la justice confirme la fermeture de la mosquée de Beauvais | Marianne

SOCIÉTÉPOLICE ET JUSTICE
Apologie du jihad : la justice confirme la fermeture de la mosquée de Beauvais
Mosquée de Beauvais.
FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Apologie du jihad : la justice confirme la fermeture de la mosquée de Beauvais

Islamisme

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Le tribunal administratif d’Amiens a confirmé ce jeudi 31 décembre la fermeture pour six mois de la Grande mosquée de Beauvais, après les prêches d’un imam faisant l’apologie du jihad armé.

Le tribunal administratif d’Amiens a rejeté ce vendredi 31 décembre un recours en référé-liberté demandant la suspension d’un arrêté préfectoral fermant pour six mois la Grande mosquée de Beauvais, dans l’Oise, pour des prêches d’un imam faisant notamment l’apologie du jihad armé.

« La préfète de l’Oise a pu, sans commettre d’erreurs de fait ou d’appréciation, estimer que les propos tenus » dans ce lieu de culte « constituaient des provocations justifiant, en vue de prévenir la commission d’actes de terrorisme, la fermeture », estime le juge des référés dans une ordonnance rendue vendredi. La représentante de l’Etat avait ordonné lundi la fermeture sous 48 heures de cette mosquée – accueillant quelque 400 fidèles – que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait accusé à la mi-décembre d’attaquer le « modèle républicain et la France ».

Invoquant notamment une « note blanche » des services de renseignement, le juge administratif relève que l’imam mis en cause, un jeune converti formé en Arabie saoudite, a « à plusieurs reprises présenté le jihad armé en tant que devoir et valeur de l’islam ». Officiant depuis avril, il a aussi « accrédité l’idée d’une hostilité des sociétés occidentales envers l’islam, légitimé la désobéissance aux lois de la République et prôné la supériorité des règles religieuses sur celles-ci », ajoute le juge. « Principal prédicateur » de la mosquée, il a également « tenu des propos radicaux incitant à la haine et à la discrimination de certaines personnes ».

« NOUS CONDAMNONS FERMEMENT TOUT CE QUI TOUCHE AU JIHADISME »

L’association requérante, Espoir et Fraternité, qui gère la mosquée, « n’a jamais condamné explicitement lesdits propos », largement relayés sur sa page Facebook, poursuit le juge qui s’interroge aussi sur l’effectivité de la « rupture alléguée des relations contractuelles » avec l’imam. L’association pourra, « lorsqu’elle estimera avoir mis en place un dispositif global de nature à prévenir la réitération des dysfonctionnements constatés », demander l’abrogation de la mesure de fermeture, conclut le juge.

Avocat de l’association, Samim Bolaky avait souligné jeudi au cours de l’audience sa volonté de « travailler main dans la main avec la préfecture » et notamment l’engagement de ses responsables à ne plus diffuser de contenus sur les réseaux sociaux avant la désignation d’un modérateur. « Je redis ici que nous condamnons fermement tout ce qui touche au jihadisme », avait pour sa part déclaré son vice-président, Abdelfatah  Zouhair, relevant notamment que les interventions de l’imam mis en cause avaient attiré plus de fidèles jeunes à la mosquée.

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Accusations de harcèlement : Esther Benbassa se “met en retrait” jusqu’en septembre

“Mouvements d’humeur”

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Après la publication d’une enquête de « Mediapart » où des anciens collaborateurs l’accusent de harcèlement, la sénatrice Esther Benbassa a décidé, jeudi 8 juillet au soir, de se mettre en retrait de son groupe écologiste du Sénat jusqu’à la rentrée.

Sa position était intenable. Après avoir été accusée de harcèlement par huit anciens collaborateurs et six anciens étudiants, Esther Benbassa a affirmé jeudi 8 juillet au soir se mettre en retrait de son groupe écologiste au Sénat jusqu’en septembre. « Le temps d’étudier les suites à donner conformément à notre règlement intérieur », a précisé quant à lui le groupe Écologiste, Solidarité et Territoires dans un communiqué. Ce dernier a ajouté qu’il prenait « toute la mesure des accusations portées », faisant état de témoignages « extrêmement graves » qui « traduisent une grande souffrance au travail ».

 

 

Dans l’enquête de Mediapart diffusée jeudi, tous les anciens collaborateurs et anciens étudiants que l’élue employait à l’École pratique des hautes études évoquent un climat de « terreur ». instauré par la sénatrice, ponctué de pressions, de chantage à l’emploi et d’humiliations. Des mails, individuels ou collectifs, et des SMS ont été consultés et retranscrits en partie par Mediapart.

L’OPÉRATION AUX POUMONS ? PLUS TARD SI POSSIBLE !

Plusieurs témoignages font apparaître la sénatrice comme particulièrement insensible. Alors que le père d’une de ses collaboratrices vient de décéder, l’intéressée lui répond sèchement : « Je comprends et je suis très triste, mais moi je n’ai personne au bureau à part Anaïs puisque Asma est en congé maladie. Je n’ai même pas quelqu’un pour me préparer mon dossier pour l’hémicycle. Vous auriez dû m’avertir ce matin pour que je m’organise (…) Bon courage. » Selon une autre femme, Esther Benbassa aurait essayé de lui faire reporter une opération médicale aux poumons sous prétexte d’un agenda politique chargé au moment de la réforme des retraites, en 2020.

 

 

De son côté, Esther Benbassa ne nie pas qu’elle peut parfois avoir des « mouvements d’humeur », être directe voire abrupte mais elle conteste « avoir sciemment et délibérément choisi de mettre la santé de (ses) salarié.e.s en danger ». « Mais si je suis exigeante, je suis également soucieuse de valoriser le travail et les efforts de mes collaborateurs et collaboratrices », a-t-elle renchéri, en présentant ses « excuses » à celles et ceux qu’elle a pu blesser. Conséquence de cette gestion, le turn-over des collaborateurs a été important. En deux mandats, plus de 18 assistants parlementaires ont été employés, note Mediapart.

Dans un communiqué, le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires a apporté son soutien aux témoins qui « ont brisé l’omerta qui règne au sein de l’institution », en rappelant que le harcèlement moral est un délit qui touche à l’intégrité et à la dignité des victimes.

 

 

Cette affaire fait écho à celle de la députée LREM Laëtitia Avia, qui avait elle aussi été accusée en mai 2020 « d’humiliations à répétition » (et de propos racistes et homophobes) par cinq anciens collaborateurs, là encore dans une enquête de Mediapart. La parlementaire avait alors crié à « l’acharnement » du journaliste dece médiaDavid Perrotin.

Source :https://www.marianne.net/politique/ecolos/accusations-de-harcelement-esther-benbassa-se-met-en-retrait-jusquen-septembre

 

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L’Observatoire Juif de France, apporte son soutien à la courageuse Madame Abir Moussi et attend avec curiosité la réaction des associations féministes, du CDEH, du Gouvernement français, ainsi que de toutes les organisations qui se disent défendre le droit des femmes.

 

Tunisie : Abir Moussi, la leader de l’opposition frappée à coups de poing au parlement

Islamisme

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Une scène d’une violence inouïe s’est déroulée le 30 juin au cœur de l’Assemblée tunisienne. Deux députés islamistes ont frappé, à quelques heures d’intervalle, Abir Moussi, chef de l’opposition, présidente du Parti destourien libre.

Tunis vit des heures à haute tension. Alors que le pays est frappé de plein fouet par une nouvelle vague du Covid, avec une mortalité élevée et la pire situation au Maghreb, la violence islamiste s’est donné libre cours, le mercredi 30 juin, au cœur de l’Assemblée du Bardo. La principale opposante, Abir Moussi, 46 ans, présidente du Parti destourien libre, a été agressée par un député proche de la coalition islamiste Al Karama.

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L’homme, Sahbi Smara, s’est jeté sur elle et l’a bourrée de coups de poing. Des cris de peur et de colère se sont élevés mais la ministre de la Femme, selon plusieurs témoins, n’aurait pas bronché. Abir Moussi a chancelé mais elle n’a pas quitté sa place. Quelques heures plus tard, elle recevait à nouveau un coup de pied dans le ventre, envoyé par le député et avocat Seifeddine Makhlouf, chef d’Al Karama. Cette fois, Abir Moussi s’est effondrée. Prise en charge par le médecin de l’Assemblée, elle est pourtant restée jusqu’à minuit dans l’enceinte du Parlement.

UN DÉBAT SUR UNE LOI PRO-QATAR

De quoi était-il donc question ce 30 juin au Bardo ? Il s’agissait de voter pour ou contre une loi permettant à un fonds Qatari de gérer les intérêts financiers entre la Tunisie et le Qatar. Abir Moussi s’élevait contre ce traité qui allait permettre au Qatar d’intervenir directement dans l’économie tunisienne. Frappée par deux fois, cette femme politique a tenu à rester jusqu’au bout du processus du vote. La loi pro-Qatar a finalement obtenu la majorité.

Les deux agressions ont été condamnées par la plupart des partis. Les députés seront-ils poursuivis ? Leur violence, devant les caméras, annule leur immunité, estiment la majorité des commentateurs dont beaucoup souhaitent leur incarcération.

GILET PARE-BALLES

Ces scènes en disent long sur leur victime, la situation des femmes, de plus en plus préoccupante, et sur l’atmosphère de haine qui prévaut dans un pays sous emprise islamiste.

La victime, Abir Moussi, est sans conteste la personnalité la plus populaire de l’opposition. On a moqué le gilet pare-balles et le casque de motard qu’elle arbore à l’Assemblée pour se protéger. On a eu tort car Abir Moussi est réellement en danger. Dans les cœurs tunisiens, c’est la seule à pouvoir faire entendre la voix d’un sursaut de masse. Le rassemblement qu’elle a organisé voici quelques semaines, devant le Bardo, a drainé des milliers de sympathisants. Les critiques qu’elle suscite – des accusations de populisme – sont loin de la faire chuter dans les sondages.

Face à Ennahdha, à son leader Rached Ghannouchi devenu président du Parlement, et au gouvernement du Premier ministre Hichem Mechichi (également ministre de l’Intérieur), soutien de Ghannouchi, les partis font figure de groupuscules rivaux acharnés à s’entredéchirer. Un « Front pour le référendum » sur une nouvelle Constitution vient de se constituer à l’initiative d’un autre opposant à Ennahdha, Mohsen Marzouk, ancien conseiller du défunt président Béji Caïd Essebsi, mais l’idée ne semble pas mobiliser grand monde. Sur cette toile de fond disparate, seule se détache la figure d’Abir Moussi. D’où les dangers qui la cernent, dans l’ombre des rues de Tunis comme dans la lumière du Bardo.