Une odeur de Vichy.

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PAR FRANZ-OLIVIER GIESBERT

Que les Vichyssois, les habitants de la cité thermale, veuillent bien nous pardonner. Ce n’est pas après leur merveille de ville que nous en avons, mais après le climat de lâcheté qui flotte sur le pays et rappelle, à certains égards, celui de l’Occupation nazie.

Le Maréchal est revenu. Toujours aussi pleutre qu’en 1940, il est partout, dans la justice ou la politique, et il a ses entrées dans les médias. Le pétainisme, cette idéologie de l’armistice et de l’apaisement, infecte d’abord l’ultragauche, mais aussi la gauche douloureuse et la droite mollasse.

Le pétainisme trouble la vue quand il n’aveugle pas. Après qu’une policière a été égorgée à Rambouillet, vendredi dernier, au cri d’« Allahou akbar », Jean-Luc Mélenchon se garde bien de qualifier ce crime : c’est « un meurtre », point barre, il n’est pas question de qualifier d’islamiste le forfait ni son auteur, qui était par ailleurs « dépressif » (encore une « victime » !). Et il appelle au « sang-froid », sans doute pour pouvoir continuer à manifester tranquillement contre l’islamophobie et… les violences policières. 

Le pétainisme est une nouvelle forme de bigoterie qui prétend tirer à sa façon les leçons de la tuerie de Charlie Hebdo, que l’équipe du journal aurait finalement bien « cherchée ». L’un des gourous en vogue, François Héran, sociologue et professeur au Collège de France, excusez du peu, ose prétendre, toute honte bue, qu’en France la liberté d’expression « tend à étouffer ou absorber » la liberté de croyance. En somme, instituons vite le délit de blasphème réclamé à tue-tête par les islamistes, et qu’on n’en parle plus ! 

Le pétainisme, ontologiquement hostile à la laïcité, accepte que la vérité puisse devenir sacrilège et que soient instituées dans notre droit, comme dans la plupart des pays musulmans, des peines pour « quiconque offense le Prophète ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam ». Telle est la loi en Algérie, où vous pouvez croupir des mois en cellule après qu’on a trouvé chez vous un coran avec une page déchirée, ou écoper de trois ans de prison, comme Saïd Djabelkhir, chercheur de renom, pour avoir écrit, entre autres, que le sacrifice du mouton, tradition musulmane, existait avant l’avènement de l’islam, ce qui n’est pourtant pas discutable. 

Le pétainisme ne souffre pas que soient remises en question les décisions de justice, y compris quand elles sont abjectes, aujourd’hui comme dans les années 1940. Un arrêt historique de la Cour de cassation a ainsi décidé que l’assassin islamiste d’une juive, Sarah Halimi, ne serait pas jugé parce que l’absorption d’une dose (modérée) de cannabis avait provoqué chez ce « malheureux » une « bouffée délirante aiguë ». Aussitôt, les Trissotin officiels ont ginginé des hanches pour nous expliquer que la haute juridiction n’avait fait qu’appliquer le droit et l’article 122-1 du Code pénal, lequel conclut à l’irresponsabilité pénale en cas d’abolition du discernement du criminel. Les jobards !

Le pétainisme et sa camarilla veulent nous tromper, comme au temps de Radio-Paris, la voix de Vichy : « Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand »,disaient les résistants. Pourquoi l’instruction a-t-elle été bâclée ? Pourquoi l’abus de stupéfiants, considéré jusqu’à présent par la justice comme une circonstance aggravante, est-il devenu, soudain, une circonstance atténuante ? Risibles et pathétiques sont, de surcroît, les déclarations du procureur général François Molins, qui ne voit pas de contradiction en droit dans le fait qu’ait été reconnu par les hauts magistrats le caractère antisémite du crime alors qu’il aurait été soi-disant commis en l’absence de discernement ! 

Le même Molins qui, dans une tribune signée avec Chantal Arens, première présidente de la Cour de cassation, s’était cru autorisé, il n’y a pas si longtemps, à demander quasiment la tête du garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, coupable d’avoir fait diligenter une enquête administrative sur les turpitudes du Parquet national financier, qui serait donc au-dessus des lois ! Pour qui ces gens-là se prennent-ils ? Où sont passés le régalien et le devoir de réserve ? Mais ne déprimons pas. Nous ne sommes pas à Fort Apache : cette fois, la cavalerie arrive, elle est même là… 

Le pétainisme est « français de souche »comme on dit à l’extrême droite. Les épigones islamo-gauchistes de La France soumise (Mélenchon, Hamon, Bayou, Piolle, Plenel, Autain…) ont d’ordinaire des noms qui fleurent le vieux terroir bien de chez nous. Face à eux, les résistants de la France libre s’appellent Amine El Khatmi, Sonia Mabrouk, Rachel Khan, Fatiha Agag-Boudjahlat, Linda Kebbab, Lydia Guirous, Mohamed Sifaoui, etc. Souvent venus de ce qu’on appelait jadis la gauche, ils connaissent presque tous les islamistes et savent de quoi ils parlent. Ce sont eux qui incarnent le mieux l’avenir du pays et son « âme spirituelle », qu’ils célèbrent contre les néocollabos, sans démagogie, avec les mots de Bernanos ou de Péguy. Il faudrait les remercier chaque semaine !

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